Ewenn n'avait pas remis les pieds à Garth Agarwen depuis un long moment, mais bientôt elle devait s'y rendre avec des confrères, et Sharael. Elle déplia un parchemin et elle se mît à lire à voix basse :
"Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu'une fontaine aux rhythmiques sanglots.
Je l'entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.
A travers la cité, comme dans un champ clos,
Il s'en va, transformant les pavés en îlots,
Désaltérant la soif de chaque créature,
Et partout colorant en rouge la nature.
J'ai démandé souvent à des vins capiteux
D'endormir pour un jour la terreur qui me mine;
Le vin rend l'oeil plus clair et l'oreille plus fine !
J'ai cherché dans l'amour un sommeil oublieux..."
Ewenn regarda le visage de Sharael posé sur ses genoux. Il dormait paisiblement. Elle laissa sa main caresser sa chevelure, et de l'autre reposé le parchemin. Elle serait toujours là pour lui, et que pouvait-il lui arriver si il revenait là-bas ?